Faut-il faire une cure ou une prise continue de créatine ?

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Contexte et objectifs

La créatine est l’un des compléments alimentaires les plus étudiés et les plus utilisés dans le monde de la musculation et de l’athlétisme. Traditionnellement, de nombreux pratiquants consomment la créatine sous forme de « cure » : ils effectuent une phase de charge suivie d’une phase d’entretien pendant quelques semaines, puis arrêtent complètement la supplémentation avant d’en recommencer une. D’autres préconisent une prise continue de faibles doses (3 à 5 g par jour) sans interruption. Alors faut‑il faire une cure ou opter pour une prise continue ?

1. Qu’est‑ce que la créatine ?

La créatine est un composé azoté présent naturellement dans le corps humain. Elle est synthétisée principalement par le foie, les reins et le pancréas à partir d’acides aminés (arginine, glycine et méthionine). La majeure partie (95 %) est stockée sous forme libre et phosphorylée (phosphocréatine) dans les muscles squelettiques, où elle joue un rôle clé dans la régénération de l’adénosine triphosphate (ATP) lors des efforts courts et intenses. Une quantité moindre se trouve dans le cerveau, le cœur et les testicules.

1.1 Rôle physiologique

Le système de la phosphocréatine (PCr) constitue un tampon énergétique. Lorsque l’ATP se dégrade en adénosine diphosphate (ADP) pour fournir de l’énergie, la phosphocréatine cède un groupe phosphate à l’ADP pour reformer l’ATP. Ce processus est crucial lors des activités anaérobies de haute intensité — sprints, sauts, ou répétitions lourdes en musculation — où l’énergie doit être fournie rapidement. En saturant les réserves de créatine, on peut augmenter la capacité à soutenir ces efforts, d’où l’intérêt de la supplémentation.

1.2 Sources alimentaires et taux endogènes

Une alimentation omnivore fournit environ 1 à 2 g de créatine par jour via les viandes et poissons. Les végétariens et véganes ont des apports nettement plus faibles. Le corps synthétise environ 1 g par jour, mais cela varie selon l’activité physique et la masse musculaire. Selon un article récent de Frontiers, une quantité quotidienne de 2 à 4 g est nécessaire pour maintenir les réserves optimales : environ la moitié est produite endogènement, le reste doit provenir de l’alimentation ou de compléments.

2. Les différentes stratégies de supplémentation

Deux approches dominent les discussions :

  1. La cure (phase de charge + phase d’entretien) : consommation de 20 à 25 g par jour pendant 5 à 7 jours (« loading »), puis 3 à 5 g par jour pendant 3 à 4 semaines. Certains pratiquants prennent ensuite une pause pour « laisser reposer » l’organisme.
  2. La prise continue : ingestion constante de 3 à 5 g par jour sans phase d’arrêt, parfois sans phase de charge.

Nous analyserons chacune de ces stratégies à la lumière de la littérature scientifique.

2.1 Phase de charge et phase d’entretien

Le concept de phase de charge est apparu dans les années 1990 pour saturer rapidement les réserves intramusculaires de créatine. Des études menées par Hultman et Harris ont démontré qu’une ingestion d’environ 20 g par jour pendant 5 à 7 jours pouvait augmenter les réserves de créatine musculaire de 10 à 40 %. La phase d’entretien, généralement 3 à 5 g/jour, vise à maintenir ce niveau élevé.

Avantages de la charge

  • Augmentation rapide des réserves : en consommant 20 g/jour, on atteint la saturation en 5 à 7 jours. Les performances (force maximale, puissance) peuvent augmenter plus tôt, ce qui est intéressant pour les compétitions imminentes.
  • Études de référence : le protocole de 0,3 g/kg/jour (≈ 20 g) pendant 3 à 5 jours est l’une des méthodes les plus étudiées et montre des effets ergogéniques significatifs.
  • Maintien prolongé : une fois la saturation atteinte, la phase d’entretien (3 à 5 g/jour) maintient des concentrations élevées tant que la supplémentation continue.

Limites de la charge

  • Gêne digestive et rétention d’eau : des doses supérieures à 10 g prises en une seule fois peuvent provoquer des troubles gastro‑intestinaux (ballonnements, diarrhées). De nombreux utilisateurs fractionnent donc la dose. La prise d’une grande quantité peut provoquer une prise de poids rapide due à l’augmentation des stocks d’eau intracellulaire (1 à 2 kg), ce qui peut être gênant pour des disciplines où le poids de corps est déterminant.
  • Pas indispensable : plusieurs études ont montré qu’une ingestion quotidienne plus modeste (3 à 5 g) sans phase de charge augmente également les stocks de créatine, mais en 3 à 4 semaines au lieu de quelques jours. Par conséquent, la charge n’est pas obligatoire pour bénéficier des effets de la créatine.
  • Retour aux valeurs de base : après l’arrêt de la supplémentation, les niveaux de créatine intramusculaire reviennent à leur niveau initial en 4 à 6 semaines. Cela signifie que même après une charge, les bénéfices disparaissent progressivement si l’on arrête totalement.

2.2 Prise continue à faible dose

De nombreuses études montrent qu’une prise quotidienne de 3 à 5 g de créatine monohydrate suffit pour augmenter les réserves musculaires de créatine en 3 à 4 semaines. Cette approche permet d’atteindre les mêmes concentrations intramusculaires que la phase de charge, mais de manière plus progressive. Les chercheurs recommandent souvent cette méthode pour un usage à long terme ou pour les personnes qui désirent éviter la prise de poids rapide.

Avantages de la prise continue

  • Simplicité et constance : prendre une dose fixe chaque jour s’intègre facilement dans une routine. Pas besoin de calculer des phases de charge et d’entretien.
  • Moins d’effets secondaires : la charge peut causer des troubles digestifs et une rétention d’eau. Une dose modérée réduit ces risques.
  • Stabilité des performances : les réserves restent élevées tant que l’on continue de consommer la créatine. On évite les fluctuations de performance associées aux phases d’arrêt.
  • Économique : une dose quotidienne de 3 g consomme moins de supplément qu’un protocole de charge suivi d’entretien, ce qui peut réduire les coûts sur le long terme.

Limites de la prise continue

  • Saturation plus lente : les adaptations peuvent prendre 4 semaines. Ceux qui recherchent des gains rapides peuvent préférer la charge.
  • Nécessité d’une prise quotidienne : il faut être régulier. Oublier plusieurs jours peut ralentir l’atteinte de la saturation.

3. Que dit la science ?

Pour déterminer s’il vaut mieux suivre des cures ou une prise continue, il est essentiel d’examiner les données scientifiques sur les effets de la créatine. Plusieurs domaines d’intérêt se dégagent : performance physique, composition corporelle, santé cognitive, effets métaboliques et sécurité à long terme.

3.1 Performances physiques et adaptations musculaires

Les études sont unanimes : la créatine améliore la force maximale, la puissance et la capacité à soutenir des efforts explosifs. Ces bénéfices sont attribués à l’augmentation des réserves de phosphocréatine et à une meilleure resynthèse de l’ATP. Une méta‑analyse de plus de 50 études montre que les gains de force au développé couché et au squat sont significativement supérieurs avec la créatine qu’avec un placebo. Les augmentations de masse maigre varient entre 1 et 3 kg en 8 à 12 semaines.

Comparaison charge vs prise continue pour la performance

La question qui nous intéresse est de savoir si les performances sont meilleures lors d’une cure ou d’une prise continue. Les premières études utilisaient une phase de charge car l’objectif était de s’assurer que les réserves étaient saturées rapidement. Hultman et Harris ont montré qu’une charge de 20 g/jour pendant 6 jours augmentait les réserves musculaires de 20 %. Une étude ultérieure a comparé cette charge à une ingestion quotidienne de 3 g/jour pendant 28 jours ; elle a observé que la même saturation était atteinte au bout de 4 semaines. Autrement dit, la charge accélère la saturation mais n’apporte pas de bénéfice supérieur à long terme si l’on maintient ensuite la créatine.

Pour les sportifs qui ont des échéances courtes (compétition dans moins d’un mois), la phase de charge peut procurer un avantage en saturant rapidement les réserves. Cependant, pour un pratiquant qui souhaite progresser sur le long terme, une prise continue de 3 à 5 g/jour s’avère tout aussi efficace, en évitant les variations de poids et les désagréments digestifs.

3.2 Composition corporelle et hypertrophie

La créatine entraîne souvent une augmentation de la masse corporelle. En phase de charge, on observe en moyenne 1 à 2 kg de prise de poids due à l’augmentation de la teneur en eau intracellulaire. Cette rétention est intracellulaire (dans la fibre musculaire) et s’accompagne d’un effet volumisateur bénéfique pour la récupération. Il ne s’agit pas d’une rétention sous‑cutanée inesthétique. Des études montrent qu’à long terme, la créatine associée à un entraînement en résistance augmente la masse maigre de ~1,2 kg par rapport à l’entraînement seul. Cet effet est principalement attribué à une augmentation du contenu en phosphocréatine et à un possible accroissement de la synthèse de protéines.

Il n’existe pas d’évidence solide montrant que la masse graisseuse augmente avec la créatine. La majorité des gains de poids est liée à l’eau et à la masse musculaire. La prise continue permet de maintenir cette masse maigre sans fluctuations. Les cures impliquant des arrêts peuvent entraîner une légère diminution transitoire de masse maigre (perte d’eau) pendant les pauses, ce qui peut démoraliser certains pratiquants.

3.3 Santé cognitive et neuroprotection

Les effets de la créatine ne se limitent pas aux muscles : il existe une littérature croissante sur ses bénéfices pour le cerveau. Une méta‑analyse publiée en 2024 a regroupé 16 essais cliniques randomisés portant sur 492 participants âgés de 20 à 76 ans. Les résultats ont montré que la créatine améliorait la mémoire (SMD = 0,31), l’attention (SMD = –0,31) et la vitesse de traitement (SMD = –0,51) par rapport au placebo. Ces effets étaient plus marqués chez les femmes et les individus ayant des pathologies (dépression, troubles neurodégénératifs). Les bénéfices étaient similaires pour les protocoles de moins de 4 semaines et ceux de plus de 4 semaines, ce qui suggère que la supplémentation continue ou répétée peut soutenir la cognition.

Par ailleurs, le Journal of the International Society of Sports Nutrition (JISSN) a souligné des effets neuroprotecteurs potentiels : la créatine pourrait protéger contre les lésions cérébrales liées aux commotions, aux accidents vasculaires cérébraux et aux hypoxies. Des études animales montrent que la supplémentation maternelle en créatine réduit les dommages cérébraux et cardiaques chez le fœtus en cas de manque d’oxygène. Bien que les études chez l’humain soient limitées, l’International Society of Sports Nutrition recommande la créatine pour les athlètes pratiquant des sports de contact.

3.4 Effets sur la santé métabolique et la longévité

Outre la performance et la cognition, la créatine pourrait jouer un rôle dans la santé métabolique :

  1. Sarcopénie et populations âgées : le déclin de la masse musculaire lié à l’âge (sarcopénie) est associé à des risques de fragilité, de chutes et de dépendance. Une revue systématique de 2025 indique que la créatine combinée à un entraînement en résistance améliore la force du haut du corps (SMD = 0,24) et la force de préhension (SMD = 0,23) chez les personnes âgées, et augmente la masse maigre d’environ 1,2 kg. Les effets sur la force du bas du corps sont plus variables, mais certaines analyses suggèrent qu’une dose supérieure à 5 g/jour ou une phase de charge peuvent être nécessaires pour maximiser les gains chez cette population.
  2. Fonction cardiaque : bien que la majeure partie de la recherche se concentre sur la performance sportive, des études suggèrent que la créatine pourrait améliorer la fonction cardiaque en cas d’insuffisance cardiaque ou d’ischémie. Cependant, ces données proviennent principalement de modèles animaux et d’études préliminaires.
  3. Métabolisme du glucose : des travaux indiquent que la créatine peut accroître la translocation du GLUT4 et améliorer l’absorption du glucose dans les muscles, ce qui pourrait aider à contrôler la glycémie chez les personnes atteintes de diabète de type 2. Les résultats sont encore inconsistants.
  4. Pregnancy and fetal development : chez l’animal, la supplémentation de la mère en créatine protège le foetus contre les lésions hypoxiques, soulignant son potentiel thérapeutique dans des contextes cliniques.

3.5 Sécurité et effets secondaires

3.5.1 Santé rénale et hépatique

L’un des arguments historiques en faveur de la « cure » était la crainte d’un impact négatif sur la fonction rénale à long terme. Cette inquiétude vient de cas isolés où des athlètes souffrant de maladies rénales préexistantes consommaient de fortes doses de créatine. Cependant, la littérature scientifique réfute ce mythe. La position stand de l’International Society of Sports Nutrition (ISSN) de 2021 affirme qu’après plus de 20 ans de recherche, aucune étude n’a montré d’effet nocif de la créatine sur la fonction rénale chez des personnes en bonne santé, même à fortes doses. Les augmentations transitoires de la créatinine sérique observées sont dues à un métabolisme accru de la créatine et ne représentent pas une insuffisance rénale.

Une étude longitudinale de 21 mois menée chez des athlètes universitaires n’a trouvé aucune différence significative dans les marqueurs de santé (fonctions rénale, hépatique, lipidique) entre le groupe créatine et le groupe témoin. De plus, une revue de 2025 indiquait qu’aucun effet négatif n’avait été observé dans plus de 680 essais cliniques, certains administrant jusqu’à 30 g/jour pendant 14 ans. Chez l’enfant et l’adolescent, la créatine est considérée sûre et peut être bénéfique dans certaines pathologies neuromusculaires.

3.5.2 Effets hormonaux et chute de cheveux

Des rumeurs persistantes lient la créatine à une augmentation de la dihydrotestostérone (DHT) et à la calvitie. Cette idée provient d’une étude unique qui avait montré une hausse de la DHT dans le sérum de rugbymen après une supplémentation en créatine. Cependant, aucune étude n’a reproduit ces résultats et la JISSN souligne qu’il n’existe pas de preuve solide établissant un lien causal entre la créatine et la perte de cheveux.

3.5.3 Prise de poids et rétention d’eau

Comme mentionné, l’augmentation initiale du poids est due à la rétention d’eau intracellulaire. Dans la phase de charge, cette rétention peut atteindre 1 à 2 kg. La prise continue entraîne une rétention plus progressive et moins prononcée. L’eau intracellulaire contribue à la synthèse des protéines et à la récupération musculaire. Il n’existe pas de rétention d’eau sous‑cutanée durable ni d’« effet bouffi ».

3.5.4 Troubles gastro‑intestinaux

Les effets secondaires les plus courants sont des maux d’estomac et des diarrhées lorsque la dose unique dépasse 10 g. Ces désagréments disparaissent en fractionnant la dose et en la consommant avec un repas. Une prise continue de 3 à 5 g/jour limite considérablement ces problèmes.

4. Arguments pour et contre la cure

4.1 Arguments en faveur de la cure

  1. Saturation rapide : pour un athlète ayant une compétition imminente, saturer rapidement les réserves peut procurer un avantage à court terme. Si l’échéance est dans moins de 4 semaines, la charge permet de tirer parti des effets de la créatine sans attendre.
  2. Effet psychologique : la prise de poids rapide (1 à 2 kg) peut être interprétée comme un gain musculaire, ce qui motive certains pratiquants. Ce n’est pas du muscle supplémentaire, mais l’augmentation de volume peut créer un effet placebo positif.
  3. Programmes structurés : certaines personnes aiment planifier des cycles d’entraînement (prise de masse, sèche, etc.). Intégrer des cycles de créatine peut s’inscrire dans cette logique.

4.2 Arguments contre la cure

  1. Pas de bénéfice supplémentaire à long terme : comme indiqué, l’ingestion quotidienne de 3 à 5 g sans charge atteint la même saturation en 3 à 4 semaines. Passée cette période, les bénéfices sont identiques.
  2. Inconfort digestif : les doses élevées génèrent des troubles gastro‑intestinaux chez certaines personnes.
  3. Fluctuations de performances : interrompre la créatine entraîne un retour des réserves à la normale en 4 à 6 semaines. Pendant cette décroissance, les performances peuvent chuter, ce qui peut démotiver certains sportifs.
  4. Prise de poids non désirée : dans les sports à catégories de poids (boxe, judo) ou les disciplines d’endurance (course, triathlon), un gain rapide de 1 à 2 kg peut être nuisible. Une prise continue permet de gérer plus finement le poids.

5. Arguments pour la prise continue

5.1 Stabilité des niveaux de créatine

En consommant 3 à 5 g par jour, les réserves musculaires restent saturées sans fluctuation. Un arrêt complet n’est pas nécessaire puisque la synthèse endogène n’est pas supprimée ; elle est simplement réduite temporairement, et revient à la normale dès l’arrêt. Les performances demeurent stables et l’on n’observe pas de variations liées à une charge et un arrêt.

5.2 Tolérance digestive

La faible dose quotidienne limite l’apparition de troubles gastriques. Pour ceux qui rencontrent des difficultés digestives, il suffit de consommer la créatine avec les repas ou de fractionner la dose (matin et soir).

5.3 Souplesse et simplicité

Contrairement aux cures, la prise continue n’exige pas de calendrier rigide. Elle s’intègre à un mode de vie actif sans planification complexe. Il n’est pas nécessaire de « se demander quand commencer ou arrêter ».

5.4 Économies financières et écologiques

Une dose continue de 3 à 5 g requiert moins de produit qu’une phase de charge. Sur une année, la quantité totale consommée peut être inférieure. De plus, la créatine est un produit stable avec une longue durée de conservation ; l’acheter en plus grande quantité pour consommer progressivement réduit les emballages.

6. Cas particuliers et variables individuelles

6.1 Végétariens et véganes

Les personnes suivant un régime végétarien ou végan présentent en général des niveaux de créatine musculaire plus faibles, car l’alimentation fournit peu ou pas de créatine. Elles répondent souvent encore mieux à la supplémentation, avec des augmentations plus importantes de force et de masse musculaire. Une prise continue est particulièrement adaptée pour maintenir des niveaux élevés à long terme.

6.2 Athlètes d’endurance

Certaines disciplines d’endurance (course, cyclisme, triathlon) hésitent à utiliser la créatine en raison de la prise de poids liée à la rétention d’eau. Toutefois, la supplémentation en créatine peut améliorer la performance anaérobie lors d’accélérations et de sprints. Pour réduire le gain de poids, ces athlètes peuvent adopter une prise continue à faible dose (2 à 3 g/jour), sans phase de charge. Cela permet de bénéficier des effets ergogéniques sans augmentation importante de la masse corporelle.

6.3 Femmes et fluctuations hormonales

Les études montrent que les femmes synthétisent et retiennent moins de créatine que les hommes. Les fluctuations hormonales au cours du cycle menstruel influencent le métabolisme de la créatine. L’article de la JISSN indique que la supplémentation peut être particulièrement bénéfique lors de la phase lutéale ou pendant la grossesse pour soutenir l’énergie et protéger le fœtus en cas d’hypoxie. Les femmes peuvent opter pour une prise continue modérée (3 g/jour) ou cycle régulier selon leurs besoins.

6.4 Enfants et adolescents

Les recherches récentes montrent que la créatine est sûre chez les jeunes. La revue de Frontiers note qu’aucun effet indésirable n’a été rapporté chez les enfants et adolescents dans les études cliniques. La créatine peut même être bénéfique dans certaines pathologies neuromusculaires (dystrophies). Néanmoins, il est recommandé de consulter un professionnel de santé avant supplémentation chez les mineurs.

6.5 Populations âgées et cliniques

Chez les personnes âgées, la créatine combinée à l’exercice de résistance améliore la force et la masse maigre. Une prise continue est préférable pour maintenir ces bénéfices et contrer la sarcopénie. Dans des contextes cliniques (sclérose en plaques, maladies neurodégénératives), la créatine est étudiée pour son potentiel neuroprotecteur, mais les données sont encore limitées.

7. Comparaison des formes de créatine

La créatine monohydrate est la forme la plus étudiée et la plus efficace. Les fabricants proposent de nombreuses formes (créatine éthyl ester, malate, citrate, tamponnée, etc.). Cependant, les analyses scientifiques concluent que aucune ne surpasse la créatine monohydrate en termes d’efficacité. La JISSN recommande explicitement la créatine monohydrate et indique qu’il n’existe pas de preuve solide démontrant la supériorité d’autres formes. De plus, la monohydrate est généralement moins coûteuse. Veillez à choisir une marque certifiée (Creapure®) pour garantir la pureté et éviter les contaminants.

8. Impact de l’arrêt de la créatine

Un argument avancé en faveur des cures est qu’il faudrait « laisser le corps se reposer » pour éviter une dépendance. La littérature réfute cette idée. La production endogène de créatine est légèrement réduite pendant la supplémentation, car le corps ajuste sa synthèse en fonction des apports. Cependant, dès l’arrêt, la synthèse endogène reprend normalement et il n’y a pas de suppression durable.

Lorsqu’on cesse complètement la créatine, les réserves musculaires diminuent lentement et reviennent au niveau initial en 4 à 6 semaines. Les performances peuvent donc baisser progressivement. Il n’y a pas d’effet rebond négatif. La diminution de masse corporelle observée est essentiellement due à la perte d’eau intracellulaire. Cela peut être interprété comme un « dessèchement » et peut être recherché par les culturistes avant une compétition de bodybuilding pour un aspect plus sec. Néanmoins, pour la plupart des pratiquants, maintenir les réserves constantes offre des performances stables et minimise les fluctuations de poids.

9. Synthèse et recommandations pratiques

Au regard des études, la créatine est l’un des compléments les plus sûrs et efficaces. Les deux stratégies de supplémentation (cure vs prise continue) permettent d’augmenter les réserves intramusculaires et d’améliorer les performances. Toutefois, la recherche montre que la prise continue de 3 à 5 g/jour offre des avantages comparables à la cure sans les inconvénients des doses élevées. Voici des recommandations pratiques :

  1. Déterminer ses objectifs : si vous souhaitez obtenir un effet rapide pour une compétition dans moins de 4 semaines, une phase de charge (20 g/jour pendant 5 jours) suivie d’un entretien (3 à 5 g/jour) peut être utile. Sinon, commencez directement par 3 à 5 g/jour.
  2. Consommer quotidiennement : pour maintenir les réserves, prenez la créatine chaque jour. Les jours d’entraînement, une prise après la séance (avec une source de glucides) peut favoriser l’absorption. Les jours de repos, consommez-la à un moment pratique.
  3. Fractionner si nécessaire : si la digestion est difficile ou si vous craignez des maux d’estomac, fractionnez la dose en 2 prises (matin et soir) et consommez‑la avec de l’eau ou un repas.
  4. Choisir la bonne forme : préférez la créatine monohydrate sous forme de poudre. Les variantes « créatine HCL », « alkaline », etc. sont plus coûteuses sans preuve de supériorité. Vérifiez la pureté (Creapure®) et évitez les produits non contrôlés.
  5. Hydratation et alimentation : assurez‑vous de boire suffisamment d’eau (2 à 3 L/jour) pour soutenir l’augmentation du volume intracellulaire. Une alimentation équilibrée riche en glucides complexes et protéines favorise l’efficacité de la créatine.
  6. Consultation médicale : en cas de pathologie (insuffisance rénale, diabète, grossesse), demandez conseil à un professionnel de santé avant de commencer la supplémentation. Bien que la créatine soit généralement sûre, il est préférable d’obtenir un avis médical en cas de doute.

10. Conclusion : cure ou prise continue ?

L’examen approfondi des études scientifiques démontre que les deux méthodes permettent de saturer les réserves de créatine et d’améliorer la performance. Cependant, la prise continue à faible dose se démarque par sa simplicité, sa meilleure tolérance et la stabilité qu’elle confère aux performances. La phase de charge est utile pour ceux qui ont un objectif à court terme ou qui veulent constater des effets plus rapides, mais elle n’offre pas de gains supplémentaires à long terme.

La créatine est bien plus qu’un simple complément de musculation ; elle présente des bénéfices pour la cognition, la santé métabolique, la protection cérébrale et la longévité, tout en étant l’un des suppléments les plus étudiés et les plus sûrs. Au lieu de cycles arbitraires qui entraînent des fluctuations et des arrêts, il semble logique d’intégrer la créatine de façon régulière dans son mode de vie, tout comme on consommerait quotidiennement des protéines ou des oméga 3.

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Synthèse finale

La créatine est un complément sûr et efficace. Aucune étude sérieuse n’a montré de dommages rénaux chez des adultes en bonne santé, et plus de 680 essais cliniques en ont attesté la sécurité.
La phase de charge (20 g/jour pendant 5 jours) accélère la saturation des réserves et peut convenir aux athlètes ayant une compétition imminente.
La prise continue (3 à 5 g/jour) atteint la même saturation en 3 à 4 semaines, permet de maintenir des performances stables et réduit les effets secondaires.
Après l’arrêt, les réserves de créatine reviennent au niveau initial en 4 à 6 semaines. Il n’y a pas de dépendance ni de suppression durable de la synthèse endogène.
La créatine monohydrate reste la forme la plus étudiée et la plus rentable.

En résumé, la décision d’effectuer une cure ou de choisir une prise continue dépend de vos objectifs personnels. Si vous recherchez des effets rapides pour une échéance proche, la cure peut être envisagée. Pour un usage au long cours, il est préférable d’opter pour une prise continue, plus simple et mieux tolérée, qui s’intègre harmonieusement dans un style de vie sportif et sain.

Sources

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Kreider, R.B. et al. (2007). International Society of Sports Nutrition Position Stand: creatine supplementation and exercise. Journal of the International Society of Sports Nutrition.

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